L’Âge d’Homme

« Le Havre est actuellement en grande partie détruit et j’aperçois cela de mon balcon, qui domine le port d’assez loin et d’assez haut pour qu’on puisse estimer à sa juste valeur l’effarante table rase que les bombes ont faite du centre de la ville comme s’il s’était agi de renouveler, dans le monde plus réel, sur un terrain peuplé de vivants, la fameuse opération cartésienne. […] Reste, qu’au Havre même, les choses continuent et que la vie urbaine persévère. Par-dessus les maisons intactes comme par-dessus l’emplacement des ruines, il y a par intermittence, malgré le temps pluvieux, un clair et beau soleil. Bassins nautiques et toitures miroitantes, mer écumeuse au loin […] Des moteurs ronflent ; tramways et bicyclistes passent ; les gens flânent ou s’affairent et mainte fumée monte. »

Michel LEIRIS, « De la littérature considérée comme une tauromachie », L’Âge d’Homme ©Gallimard, 1945. Citation extraite du volume Folio, p. 11. www.gallimard.fr



Lieux : Étape 11 - Port. Centre-ville. Mer. Bassin.
Quartier : Centre reconstruit
Epoque : XXe > 1944
Genre : Écrits personnels

Écoutez l'extrait :

Lecture Jean-Pierre Guiner ; prise de son Dan Hérouard © Gallimard


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