Le Havre 1939-1944

« Dix-sept heures quarante-cinq. – Des bruits sinistres de chutes de projectiles non suivis d’éclatements. Sur le quartier Saint-Vincent-de-Paul descend un faisceau de fumée blanche d’où, à sa base, s’échappent des flammes ponctuées de points lumineux. Les avions signaleurs, puis, immédiatement après les bombardiers.
Un moment on peut croire qu’ils s’attaquent aux fortifications de la plage. Mais, méthodiquement, avec l’implacabilité des machines, ils s’avancent en rangs serrés sur le centre de la ville. Et toute la population fuit vers les abris, se terre, pendant que déjà pleuvent les bombes. Une monstrueuse pluie de fer, d’acier, une herse terrible qui arrache tout sur son passage, déchire, éventre, pourfend, morcelle. […]
Dans les entrailles de la terre, dans les refuges de béton, de briques ou simplement de planches, des hommes, des femmes, des enfants, sont tapis pendant que sur eux, sur leurs maisons s’abat l’implacable arrosage d’explosifs ; qui fuient aussi, trébuchants, n’ayant plus que leur instinct pour guide, sous les effondrements ; qui tombent pour ne plus se relever. »

Bernard ESDRAS-GOSSE, Le Havre 1939-1944 ©Marcel Etaix, 1946, p. 154.



Lieux : Étape 11 - Centre-ville. Quartier Saint-Vincent.
Quartier : Centre reconstruit
Epoque : XXe > 1944
Genre : Écrits personnels
Edition : Marcel Etaix


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