L’Écuyère

« Ils déjeunèrent à Frascati, baignés dans le plein jour des terrasses. Et c’était vraiment fête au ciel, où le soleil, comme pour les noces prochaines, allumait tous ses cierges. Après, les poches pleines de sucre, elle alla visiter ses chevaux, de la veille installés à l’aise dans l’écurie déserte de l’hôtel. […] Et une envie soudaine, gourmande, la prit, un besoin fougueux de galopades.
 Hein ! Veux-tu ? dit-elle, câline, coulant son bras sous le sien. Autant cela que rester en ville à rien faire ! […]
Sitôt en selle, une fièvre lui empourpra les joues : elle riait, flattant de la main son alezan. Comme ils gravissaient la côte d’Ingouville, elle devint tout à coup bavarde ; et s’arrêtant, tournée sur la selle, elle lui montrait du bras la rade étalée à leurs pieds en demi-lune, où les mâts montaient comme des fumées. »

Octave MIRBEAU, sous le pseudonyme d’Alain Bauquenne, L’Écuyère, 1889. Citation extraite de Œuvres romanesques, tome 1, Paris/Angers, Buchet-Chastel/Société Octave Mirbeau, 2000, pp. 217-218.



Lieux : Étape 6 - Hôtel Frascati. Rade.
Quartier : Port et avant-port
Epoque : XIXe
Genre : Roman

Plus d'infos :
À lire en ligne : sur le site des Éditions du Boucher


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