Jacques-Henri BERNARDIN DE SAINT-PIERRE

Jacques-Henri BERNARDIN DE SAINT-PIERRE (1737-1814). Écrivain, ingénieur et botaniste français. Il est l’auteur d’une œuvre très riche et diversifiée, qui aborde des questions tant littéraires que philosophiques et politiques. En ce sens, il représente très bien Les Lumières, période à laquelle il appartient.
Il publie le roman Paul et Virginie en 1788, qui aura un très grand retentissement, notamment pour la génération romantique, et dont la postérité se prolongera jusqu’à nos jours. En tant qu’ingénieur, Bernardin effectue de nombreux voyages dans l’Océan indien, dont il rend compte à travers ses ouvrages, dont Voyage à l’île de France (1773). Ses Études de la nature (1784) et ses Harmonies de la nature (1814) témoignent de la dimension philosophique et politique de sa pensée.
Bernardin de Saint-Pierre est né au Havre et y a passé une partie de son enfance. Il n’évoque pas la ville dans son œuvre, sinon dans une préface à Paul et Virginie où il écrit : « Je suis né en 1737, au Havre-de-Grâce, en Normandie, de parents qui me firent donner ce qu’on appelle en Europe une bonne éducation. À douze ans, j’en fus si dégoûté, que, profitant de l’amitié d’un oncle qui commandait un navire de commerce, je fis un voyage à la Martinique. » (« Vie de Bernardin de Saint-Pierre écrite par lui-même », Paul et Virginie.)
Cependant, au XIX^e siècle, de nombreux hommes de lettres associent Le Havre et Bernardin. Dans Mémoires d’un touriste de Stendhal, le narrateur de passage au Havre déclare : « Ce lieu a inspiré de belles pages à Bernardin de Saint-Pierre et Chateaubriand » (Bibliothèque de la Pléiade, p. 851). Dans les guides de voyages pittoresques produits pendant l’époque romantique, Bernardin est souvent évoqué lorsque les voyageurs décrivent Le Havre. Joseph Morlent écrit par exemple de la Hève : « Quel est ce promontoire dont les flancs déchirés par les orages s’avancent au milieu de cette mer d’azur ? Écoutez Bernardin de Saint-Pierre » (Voyage historique et pittoresque du Havre à Rouen, sur la Seine, en bateau à vapeur, Rouen, Édouard Frère éditeur, 1839, p. 22.)
De façon plus implicite, plusieurs auteurs des XIX^e et XX^e siècle permettent d’opérer ce rapprochement entre la ville et l’écrivain. En 1937, L.-F. Céline rédige un argument de dessins-animés Voyou Paul. Brave Virginie qui a Le Havre pour décor, à l’occasion du centenaire de l’écrivain. Pascal Quignard, qui a grandi au Havre, mentionne l’écrivain dans les Petits traités (collection Folio, p. 207).
La ville compte une rue Bernardin de Saint-Pierre et une statue, sculptée par David D’Angers. Elle se trouve aujourd’hui devant le Palais de Justice, boulevard de Strasbourg.