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Romain Kalbris

"J’avais cru que je n’aurais qu’à me présenter à bord d’un navire pour être immédiatement engagé.
À peine débarqué dans l’avant-port, je commençai ma promenade sur les quais pour faire mon choix ; dans le bassin du Roi je ne vis que quatre ou cinq vapeurs, ce n’était pas mon affaire ; dans le bassin de la Barre je trouvai de grands navires américains d’où l’on déchargeait des balles de coton qui s’entassaient en montagnes sur le quai ; ce n’était pas encore ce qu’il me fallait ; je voulais un navire français.
En faisant le tour du bassin du Commerce, je fus émerveillé ; il y avait des navires de tous les pays du monde, des grands, des petits, une forêt de mâts enguirlandés de guidons, de flammes et de pavillons.
Cela me parut plus beau que Paris.
Il y avait des navires qui exhalaient une odeur de cassonade qui me faisait venir l’eau à la bouche ; il y en avait d’autres qui sentaient le poivre et la cannelle. Partout on travaillait à charger et à décharger les cargaisons ; les douaniers regardaient rouler des balles de café et écoutaient les chants des matelots d’un air mélancolique"

Hector MALOT, Romain Kalbris, Hetzel, 1869.